Mercredi, 2e semaine de l’Avent
de la férie
Première lecture : Is 40, 25-31
Psaume : Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 8.10
Évangile : Mt 11, 28-30
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Homélie
« Prenez sur vous mon joug. »
Jésus nous invite à prendre son joug. Peut-être est-il léger mais c’est quand même un joug.
Jésus conseille de prendre son joug à ceux qui peinent sous le poids du fardeau.
Voilà donc qu’en plus du fardeau qu’impose parfois la vie, Jésus impose un joug supplémentaire.
Et puis ce joug est-il si léger que cela ?
– Regardons saint Pierre, le premier des apôtres.
Sa foi a dû être souvent un fardeau bien lourd à porter.
S’il a renié trois fois, c’est que cela ne devait pas être facile de suivre le Christ.
– Regardons tous ceux dont la foi est un joug pesant, les chrétiens d’Orient, les chrétiens enfouis dans de nombreux pays, ceux qui sont raillés parce qu’ils se mettent au service des migrants, des souffrants.
Ce qui est surprenant, c’est que Jésus prononce ces mots au terme d’un discours de joie très profonde, au point qu’on appelle ce passage l’hymne de jubilation, la joie totale.
« Je te loue, Père Seigneur du ciel et de la terre d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Matthieu 11, 25).
Alors comment comprendre ?
1) Une première chose à constater, c’est qu’ainsi tout le monde a sa chance, car s’il n’y avait que les sages et les savants qui pouvaient comprendre l’Évangile, et bien tout le monde n’aurait pas la chance de devenir disciple du Christ.
Tandis qu’entrer dans une attitude d’humilité comme nous y a invités Jean-Baptiste dimanche, chacun de nous peut le faire, chacun peut se convertir.
Il y a là le signe de la bonté de notre Père.
2) Cette attitude de simplicité, nous pouvons aussi comprendre combien elle nous aide à vivre.
Le sage et le savant savent tout, ils n’ont pas besoin des autres, ils peuvent tout expliquer, se suffisent à eux-mêmes.
Mais ce qui fait nos relations humaines, nos liens, nos amitiés, bref la richesse de la vie, cela ne s’explique pas par des raisonnements à partir de soi, mais à partir de l’autre.
L’autre, le tout Autre est un joug qui me permet de vivre l’essentiel.
3) Alors pourquoi un joug ?
Il y a une différence fondamentale entre un fardeau et un joug.
Le fardeau, je suis seul à le porter, c’est mon affaire et je le subis.
Tandis que le joug, c’est quelque chose que je porte mais qui est là pour me guider.
Le joug comme le porte les animaux est essentiel pour avancer, au-delà de son poids.
L’éducation que des parents donnent à leurs enfants, ce n’est pas un fardeau, c’est un joug.
Ça pèse un peu, parfois, c’est même lourd, mais cela guide, cela donne un sens.
Il est étonnant de voir des personnes ayant connu de lourdes épreuves, ne pas se laisser envahir par la haine, l’aigreur, un sentiment de vengeance.
Le poids qu’elles ont porté a dû être bien lourd, mais prendre le joug de l’Évangile leur a permis de continuer à être guidées, de pouvoir garder une orientation à leur vie.
Le premier signe de légèreté vient de ce que Jésus n’impose pas mais invite : « venez à moi ».
Ce n’est pas à nous d’imposer ce joug de l’Évangile, mais c’est à nous de choisir de le prendre.
C’est à nous de nous laisser guider dans l’humilité, de nous réjouir de l’autre, de rendre grâce à Dieu pour l’orientation qu’Il propose de donner à notre vie.
Abbé Patrick Denis