Ce 30 octobre, à 9h, Mgr Warin a présidé la messe « en temps de pandémie » en la chapelle de l’évêché. Vous pouvez trouver le texte de son homélie ci-dessous : 

Les tempêtes du Lac de Galilée sont réputées pour leur soudaineté et leur violence : les vents, contraints par les montagnes qui entourent le lac, se jettent sur l’eau en rafales et mettent en danger toute embarcation qui a le malheur de s’y trouver.

Alors qu’il avait parlé à la foule toute la journée, le soir venu, Jésus dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive. » Survient une violente tempête. S’estimant humainement perdus, les disciples se tournent vers Jésus qui, fatigué par sa journée, s’était assoupi. Et Jésus, réveillé, menace le vent et dit à la mer : « Silence, tais-toi ! »

Il arrive que notre barque soit agitée. La barque du monde est présentement agitée par une pandémie qui se prolonge et nous affecte tous. Mais, soyons justes, certains plus que d’autres. Je pense au nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde que la crise sanitaire a fait grimper en flèche. Quatre – précise Entraide et Fraternité – : c’est le nombre de nouvelles personnes victimes de la faim dénombrées chaque seconde depuis l’arrivée de la covid-19. Je pense à Damien admis aux soins intensifs, les poumons touchés à 88%, et à la détresse de sa jeune épouse. Je pense aux familles douloureusement endeuillées par la perte d’un être cher ou cruellement privées de manifester leur affection à un proche hospitalisé ou en maison de repos. Je pense au personnel soignant qui, bien qu’éreinté, doit faire face à une vague d’hospitalisations sans précédent.

Quand notre barque est agitée, Jésus est là au sein de la barque. A la terrible question qui monte sur nos lèvres lorsque brutalement nous nous trouvons confrontés au mal et à la souffrance, Dieu ne répond pas avec des mots. Sa réponse, c’est sa présence : Jésus, Jésus venu habiter de sa présence nos souffrances.

L’un des versets les plus précieux de la Bible est aussi le plus court de tous. Deux mots : Jésus pleura. Il s’agit de Jésus devant la tombe de son ami Lazare. Quand nous souffrons ou voyons souffrir, que tout notre être proteste. Proteste, parce que nous ne sommes pas faits pour la mort mais pour la vie. Que tout notre être proteste oui, mais jamais contre Dieu. Notre mal l’atteint plus que nous-mêmes. Elle est juste la remarque de Georges Bernanos dans « Journal d’un curé de campagne » : « Une douleur vraie qui sort du cœur de l’homme appartient d’abord à Dieu, il me semble. »

Jésus souffre en tout homme qui souffre. Et parce que Jésus souffre en tout homme qui souffre, nos jours d’épreuve peuvent être des vendredis saints, et aussi conduire au soleil du matin de Pâques. Aussi conduire au soleil du matin de Pâques, parce que le surlendemain du vendredi saint est un jour qui chante.

En dépit des vents contraires, puisse cette foi nous habiter : « Il est celui à qui même le vent et la mer obéissent. » Gardons aussi en mémoire les fortes paroles de saint Paul : « qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? (…) J’en ai la certitude : (…) rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. »

Allons, allons sur le mode de la proposition dire cette bonne nouvelle à nos frères. Puissions-nous être des passeurs, contribuer à faire passer de la berge de la morosité à celle de la sérénité, de la berge de la désespérance à celle de l’espérance. Amen !

Messe en temps de pandémie,
chapelle de l’Évêché,
30.X.20.