Homélie du 17 octobre 2021
Fondation de l’Unité pastorale de Notre-Dame de la Haute Lesse et lancement diocésain du Synode

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Je suis touché par l’humilité de Dieu. Humilité de Dieu qui ne choisit pas de descendre du ciel à bord d’un hélicoptère blanc ou par un grand escalier de marbre blanc. Humilité de Dieu qui naît à la belle étoile, dans un décor de misère, dans une mangeoire d’animaux. Humilité de Dieu qui pour dire aux hommes et aux femmes : « Je t’aime », se met sur la paille. Humilité de Dieu qui, pour visiter la terre, prend l’habit du mendiant, du pauvre qu’on peut repousser. N’est-il pas symptomatique que les parents du petit, qui avaient cherché à ce qu’il soit reçu, ne trouvèrent, cette nuit-là, que des portes closes : pas de place pour lui dans la salle d’hôtes ! Humilité de Dieu qui entre dans le cours du temps à pas feutrés, en douceur : l’évènement de Bethléem passa presque totalement inaperçu.  Il y avait, dans les champs voisins, d’humbles bergers qui gardaient leurs troupeaux.  Ils furent les seuls, en la première nuit de Noël, à reconnaître le petit agneau de Dieu.

Tout dans la vie de Jésus est humilité, de A à Z, de la crèche à la croix.  Il ne faudrait pas que nos croix en bois poli, en argent ou en or fassent oublier tout le rugueux de la croix du Christ.  Nu il l’a été, sur l’instrument de supplice le plus cruel, le plus infamant, le plus humiliant.

Je suis profondément touché par l’humilité de notre Dieu, du Très-Haut qui se fait le Très-Bas, qui, au cours du dernier repas pris avec les disciples, se met à laver leurs pieds et les regarde non de haut en bas mais de bas en haut.

Dans l’évangile de ce 29e dimanche, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, demandent à Jésus : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Les autres apôtres, qui ont entendu, s’indignent contre Jacques et Jean. Non qu’ils réprouvent la demande que ceux-ci ont formulée à Jésus. Eux aussi jouent des coudes pour obtenir les meilleures places. Alors Jésus leur dit : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. »

Féconde, toute féconde est l’humilité. Qui peut dire qui occupait le palais épiscopal à l’époque des apparitions à Lourdes ? Peu de personnes sans doute. Par contre, tous et toutes connaissons Bernadette qui occupait un cachot.

Sur la puissance de l’humilité, je cite encore ce passage d’une lettre de la petite sainte Thérèse, là même où elle écrit : « Le zéro par lui-même n’a pas de valeur, mais placé près de l’unité il devient puissant, pourvu toutefois qu’il se mette du bon côté, après et non pas avant ! » (LT 226).

Ce dimanche 17 octobre, je suis invité à lancer dans le diocèse le Synode, auquel le Pape François a donné un nouveau visage. Le Synode ne se limitera pas à une assemblée d’évêques, assistés d’experts, convoquée par le Pape. Le moment est venu d’une participation plus large, et plus juste, du Peuple de Dieu tout entier au processus de décision. « Une participation plus juste du Peuple tout entier », parce que le Peuple de Dieu tout entier jouit du « sensus fidei », c’est-à-dire du « flair » pour discerner les nouvelles routes que Dieu ouvre à l’Eglise. Le Synode commence par deux années de consultation et d’écoute, la première menée au sein des Eglises diocésaines, la seconde à un niveau continental. Et il se terminera en octobre 2023.

Il a pour thème : « Pour une Eglise synodale ». Une Eglise synodale, c’est une Eglise « qui fait route ensemble », c’est une Eglise où tous sont responsables, c’est une Eglise qui implique chacun et chacune. Mesurons la chance et la beauté d’une Eglise plurielle.

Dans l’Eglise, il y a des familles où l’on s’efforce de vivre pleinement l’Evangile. Elles sont des Eglises à la maison, des Eglises domestiques. Dans l’Eglise, chaque baptisé comprend mieux qu’il a un rôle à jouer pour le bien du corps entier et pour porter la Bonne Nouvelle à d’autres. Dans l’Eglise, il y a des fidèles laïcs investis d’un ministère, munis d’une lettre de mission ou encore d’un visa pour l’enseignement de la religion. Telle assistante paroissiale vit sa mission aux côtés du curé de son unité pastorale. Telle animatrice pastorale, avec une équipe, propose un temps de prière au crématorium de Ciney ou de Longlier pour le réconfort des familles éprouvées. Tel aumônier en milieu hospitalier ou carcéral se dépense sans compter. Telle maîtresse spéciale de religion, tel professeur de religion, en donnant leur cours, s’efforcent de donner le meilleur de l’Evangile. Ma reconnaissance est grande envers ceux et celles, toujours plus nombreux, qui collaborent avec bonheur à l’animation d’un service diocésain.

Dans l’Eglise, il y a des auxiliaires de l’apostolat qui, levain dans la pâte humaine, vivent une livraison sans réserve au Seigneur et à leurs frères. Dans l’Eglise, il y a des consacrés et des consacrées, qui chantent que Dieu vaut la peine qu’on lui consacre tout, et aussi que « celui qui doit donner beaucoup d’eau doit s’attarder plus longuement à la source » (W. Breuning et K. Hemmerle : « Prêtres : vivre plutôt que survivre », Nouvelle Cité, p.17). Ces dernières années, ont fleuri des communautés nouvelles, la Fraternité de Tibériade et tant d’autres.

Dans l’Eglise, il y a des diacres permanents. Le diacre représente sacramentellement, c’est-à-dire de manière visible et efficace, le Christ-Serviteur. Certes il n’a pas le monopole du service et du cœur. Tous les baptisés sont appelés à servir et incontestablement le service du frère doit animer tout ministère pastoral. Mais le diacre rappelle à toute l’Eglise qu’elle doit être en tenue de service. Dans l’Eglise, il y a des prêtres. Ils président à la vie des communautés locales ainsi qu’à leur rassemblement et sont les responsables ultimes. Mais s’ils sont responsables du tout, ils ne sont pas responsables de tout. Prêtres, ils doivent l’être, oui, mais avec d’autres.

Frères et sœurs, je vous invite à participer au processus synodal. Les indications utiles viendront de Madame Françoise Hamoir, déléguée épiscopale, et de son équipe. Comme le rappelle le Saint-Père : « Peuple de fidèles, pasteurs, évêque de Rome : chacun à l’écoute des autres, et tous à l’écoute de l’Esprit Saint ! »

+ Pierre Warin
Libin, 17 octobre 2021.