Première lecture : Rm 14, 7-9.10c-12
Psaume : Ps 24 (25), 6-7bc, 17-18, 20-21
Évangile : Jn 11, 17-27

Des « morts » encore « vivants » !

Au lendemain de la célébration de « tous les saints », l’Église prie pour « tous les défunts ». Ces célébrations « collectives » expriment quelque chose de l’Église qui est un « rassemblement » ou un « vivre ensemble » de tous les disciples du Christ. L’Église est non seulement une « communauté » mais une « communion » (union avec) avec le Christ et avec les frères. Elle est le Corps vivant dont le Christ est la tête et dont chacun de nous est un membre (1 Co 12).

« Aucun d’entre nous ne vit pour soi-même et aucun ne meurt pour soi-même » (Rm 14,7) : on croirait entendre Paul proclamer « Pour moi, vivre c’est le Christ » ! « Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur », car celui-ci est notre maître et notre guide. Ce « vivre pour » et « mourir pour », Jésus l’a pratiqué le premier aux jours de sa Passion. De ce fait, il est devenu le « Seigneur des morts et des vivants ».

Autant dire que les morts qui ont quitté cette vie, ne connaissent pas l’anéantissement alors que beaucoup le proclament aujourd’hui. Aussi, la liturgie préfère dire qu’ils se sont « endormis dans le Seigneur » ; ce long « sommeil » prélude à la vie nouvelle de ressuscité qui leur est promise. La prière pour les défunts le dit clairement : « Souviens-toi de nos frères qui se sont endormis dans l’espérance de la résurrection (…) reçois-les dans ta lumière auprès de toi » (Pr. Euch. 2). Les défunts ne sont-ils pas des vivants pour Dieu ?

À la parole d’espérance de l’apôtre Paul : « Si nous mourons, c’est pour le Seigneur », le psaume répond : « Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme : ceux qui t’espèrent ne seront pas déçus. » Voilà ce que peuvent confesser les vivants et les morts en ce jour de prière pour tous les fidèles défunts.

Dans l’évangile de ce jour, la mort de Lazare, ami de Jésus, permet de découvrir la détresse de Marthe, mais Jésus l’invite à croire à la résurrection. Il déclare avec audace : « Je suis la résurrection et la vie. » En rendant Lazare à la vie terrestre, Jésus soutient l’espérance des deux sœurs. Par son retour à la vie, Lazare est le signe de la véracité de la parole de Jésus : « Je suis la résurrection et la vie » ! Ce bienfait est source d’une foi plus profonde pour Marthe : « Je le crois, tu es le Christ, le Fils de Dieu ».

La foi au Christ ne dispense pas de vivre les souffrances et les difficultés de la vie humaine. L’épidémie du Covid nous rappelle notre fragilité et notre nature mortelle. Mais la foi nous fait comprendre que nous ne sommes pas seuls dans nos épreuves. Ce chemin pascal est le socle de l’espérance chrétienne. Non seulement Jésus a proclamé « Je suis la résurrection et la vie » mais il s’est montré vivant après sa mort. Telle est notre foi.

Nous pouvons reprendre l’expérience des disciples d’Emmaüs : « Reste avec nous, Seigneur, car le jour baisse (…) leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent (…) » (Lc 24,29-31).

La fête de Toussaint n’est-elle pas un écho des fêtes de la résurrection et la Commémoration de tous les fidèles défunts n’est-elle pas habitée par l’espérance qui traverse la liturgie des funérailles chrétiennes ? Mort et résurrection se conjuguent en vue de la « nouvelle naissance » des enfants de Dieu.

Abbé André Haquin

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