4e dimanche de l’Avent
Année B

Première lecture : 2 S 7, 1-5.8b-12.14a.16
Psaume : 88 (89), 2-3, 4-5, 27.29
Deuxième lecture : Rm 16, 25-27
Évangile : Lc 1, 26-38

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Homélie

Dans les lectures de ce 4e dimanche de l’Avent, on voit « pointer » Marie, la maman de Jésus. C’est le signe que l’Avent s’achève et que Noël est proche. Il y a en effet une progression dans l’attente du Sauveur et Marie en est le sommet. L’attente a commencé avec les merveilleuses prophéties d’Isaïe. Elle est passée par Jean-Baptiste, le précurseur qui désigne le Messie. Voici Marie qui l’attend comme toute future maman attend son enfant qui va naître.

Voici Marie, celle en qui l’attente se concentre, comme une pyramide en sa pointe, celle qui attend le Sauveur avec tant de ferveur qu’il est impossible qu’il ne vienne pas. Arrive en effet un moment où la fleur doit s’épanouir en fruit, où la tige doit porter l’épi et la semence.

Nous venons de réentendre le récit de l’Annonciation écrit par saint Luc. Un texte dont on a tout dit, un récit qu’on a peint mille fois comme par exemple la fresque de Fra Angelico à Florence. C’est si beau, si grandiose qu’à l’idée de vouloir en dire quelque chose de neuf, j’ai envie de rire de moi.

Ce texte d’Annonciation, c’est un dialogue entre un ange et une jeune fille. La bible est remplie d’Annonciations de la naissance d’hommes de Dieu. Ces annonciations sont mises en scène par des anges. Par exemple : Isaac, Samson, Samuël, Jean‑Baptiste. Leur mère était stérile ou avancée en âge et une naissance paraissait hautement improbable ! L’objectif du narrateur est de nous montrer que ces hommes nous sont donnés par Dieu. Lui seul, le Maître de l’impossible, peut avoir été à l’œuvre. L’écrivain sacré ne prétend pas nous rapporter le détail historique pour satisfaire notre curiosité. Nous écoutons ce récit avec notre foi sans nous soucier de détails gynécologiques. En mettant ici en scène un ange l’évangéliste veut seulement dire : ce Jésus, c’est Dieu qui l’a donné et Dieu est à l’œuvre dans la vie de Jésus depuis sa naissance.

Regardons de plus près 4 personnages mis en scène dans ce récit d’Annonciation.

1) GABRIEL, l’archange Gabriel, nous le connaissons par le livre de Daniel. C’est lui qui explique au prophète Daniel le sens de ses visions sur la fin des temps. Nous sommes donc aux derniers temps du monde. La dernière étape vient d’être franchie. Le temps est donc arrivé pour connaître ce secret que Dieu avait promis de révéler aux hommes quand les temps seraient accomplis. L’ange Gabriel y contribue.

2) En 2e lieu : DAVID est cité par deux fois dans l’Évangile d’aujourd’hui. David, c’est l’homme de la grande espérance, le nom auquel on se raccrochait dans les temps obscurs de nuit et de brouillard. Dieu lui avait promis de lui construire lui-même une maison. On raconte cela dans la première lecture. En Jésus, c’est donc la maison de David qui renaît de ses ruines vu que Jésus est de la descendance de David.

3) En 3e lieu : MARIE. La 1re étape de la conception de son enfant s’est passée dans son cœur avec l’aide de l’Esprit-Saint. L’ange lui dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce. »
Pauvre traduction française. En hébreu – la langue de Marie – « shalom » signifie « paix à toi », « paix de Dieu », paix exprimant le bonheur parfait.
Marie est la 1re bénéficiaire de la Paix de Dieu.

L’Évangile de Luc est écrit en grec. En grec :« Kairé » signifie : « réjouis-toi », joie de Dieu. Marie est la 1re bénéficiaire de la joie de Dieu.

4) La 4e personne présente dans cet évangile, c’est l’ESPRIT, l’Esprit créateur de Dieu, celui qui fit d’Adam une créature vivante. Il est de nouveau à l’œuvre comme au commencement du monde. Dès sa naissance, Jésus sera rempli de cet Esprit de vie qui l’enverra libérer les prisonniers, annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, proclamer une année de grâce du Seigneur (Lc 4,18‑19). Avec Jésus, une création nouvelle commence.

Dans le récit de l’Annonciation, le dernier mot revient à Marie. « Voici la servante du Seigneur. Que tout m’advienne selon ta parole. » Ce qui frappe dans ce récit, c’est que Marie réagit beaucoup plus sereinement qu’il n’est coutume dans ce genre de textes. Dans les autres récits bibliques d’Annonciations, les personnages sont terrifiés, tombent la face contre terre, craignent de mourir (Jg 13,22), (Dn 8,19). Ici, rien de tout cela. Marie n’est pas écrasée par un Dieu tout puissant. Elle ose se tenir debout devant Dieu. Son Dieu, c’est déjà celui que nous révélera Jésus.

Tout est ici d’une simplicité extraordinaire. On a l’impression d’être au printemps du monde. Par sa foi, Marie se dresse à l’entrée du second Testament comme Abraham s’est tenu à l’entrée du premier. Je m’en réjouis et vous invite à entrer dans cette divine joie.

Abbé Fernand Stréber