21 décembre 2020

Première lecture : Ct 2, 8-14 ou So 3, 14-18a
Psaume : Ps 32 (33), 2-3, 11-12, 20-21
Évangile : Lc 1, 39-45

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Homélie

La messe du 4e dimanche de l’Avent me reste en mémoire et en particulier l’épisode de David qui rêve de construire une maison au Seigneur, alors que lui habite un palais de cèdre. Et, en contrepoint, la liturgie propose l’évangile de l’Annonciation. Repartons de là avant d’en venir aux textes du lundi, car tout se tient en ce temps de préparation de Noël. David est roi ; tout lui a réussi. Il a fédéré les gens du Nord et du Sud du pays et s’est débarrassé de ses ennemis. Il est un roi puissant et veut faire un geste pour le Dieu unique, lui « construire une maison ». Mais celui-ci refuse et le lui fait savoir par son prophète Nathan : « Le Seigneur te fera lui-même une maison ». Oui, Dieu assure à David un bel avenir pour sa lignée et ses descendants. Par la même occasion, il lui rappelle que toute sa réussite lui est due, car c’est lui qui a choisi le petit berger comme roi de son peuple. De plus, Dieu ne se laisse pas enfermer dans un temple ; il est un Dieu nomade qui sans cesse accompagne son peuple tout au long de son histoire.

En contraste, l’Ange du Seigneur vient à Nazareth, une bourgade sans éclat, auprès d’une jeune fille comme les autres, non pas une princesse de sang royal. Le mystère de l’Incarnation se met en place dans la discrétion qui est bien la « marque de fabrique » de Dieu. Il ne force pas la porte ; par son Ange, il frappe et attend qu’on lui ouvre : « Salut, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi… ». C’est en toute liberté que la jeune fille de Nazareth se met « à son service ». Elle deviendra la Mère du Messie, le Temple du Fils de Dieu, loin des palais terrestres. Et nous voilà à la scène de la Visitation, rapportée dans l’évangile de ce lundi.

« Dieu a visité son peuple », depuis l’appel d’Abraham. Marie se fait pèlerine à son tour en visitant Elisabeth. Par le « oui » de l’Annonciation, elle devient en quelque sorte la « maison de Dieu », la « résidence » de son Fils. Elle est accordée ou « ajustée » aux intentions du Créateur. Ils sont nombreux à accueillir l’invitation de Dieu : Joseph et Marie, Elisabeth et Zacharie et plus tard les disciples. Pourquoi la visitation ? Est-ce pour aider Elisabeth, une cousine âgée qui attend un enfant qu’elle n’espérait plus ? L’évangile de Luc n’en dit rien, même si cette motivation n’est pas à exclure. Il présente l’essentiel de cette scène prophétique. L’enfant tressaille dans le sein d’Elisabeth, comme s’il reconnaissait par avance Celui qui vient au nom du Seigneur. Elisabeth, « remplie de l’Esprit Saint », prophétise d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ».

On se croirait devant une Sedes Sapientiae romane où Marie dans sa Majesté de Mère du Sauveur présente l’Enfant attendu, qui lui aussi regarde et accueille celui qui s’approche. Dans cette scène, le plus petit est le plus grand. « Mes chemins ne sont pas vos chemins et vos manières ne sont pas les miennes », dit le Seigneur. La Béatitude « Heureux les pauvres de cœur… » qui sortira des lèvres de l’Enfant est bien celle que Dieu lui-même met en pratique dans le Mystère de l’Incarnation. Elisabeth formule la béatitude qui convient si bien à Marie : « Heureuse celle qui a cru… ».
Marie, Vierge de l’Annonciation et de la Nativité, Mère des bons et des mauvais jours, Sainte Mère de Dieu, prie pour nous ! Soutiens le courage de ceux qui souffrent et qui luttent, de ceux servent et qui aiment, de ceux qui meurent et de ceux qui restent. Notre-Dame de l’Espérance, prie pour nous !

Abbé André Haquin