S. François Xavier, prêtre • Mémoire
Première lecture : Is 26, 1-6
Psaume : Ps 117 (118), 1.8, 19-20, 21.25, 26
Évangile : Mt 7, 21.24-27
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Homélie
Il y a des maisons qui s’écroulent parce que mal construites et d’autres qui tiennent et traversent le temps. Puis, entre les deux, il y a des maisons bien construites, mais abandonnées, il y en a de celles qui sont debout, mais lézardées, il y a de celles qui ont la mérule, etc. Chaque maison a son histoire, ses heures de gloire et ses heures tragiques…
En cette période de crise, notre maison intérieure subit bien des assauts. Elle résiste, mais elle se lézarde, elle craque, le toit perse… On se demande si elle ne va pas s’écrouler. Oui, c’est un temps qui nous met sérieusement à l’épreuve. Mais nous pouvons avoir un autre regard sur les épreuves et les dégâts que nous subissons.
En réalité, pour beaucoup d’entre nous, ce temps met en évidence les faiblesses de notre maison intérieure ou si vous préférez de notre âme. Ces blessures que nous constatons, ces brèches au cœur de nos existences ne veulent pas dire que nous sommes fondés sur le sable. Mais peut-être que certaines phases de notre construction se sont faites sans le Seigneur. Il se peut qu’une annexe soit défectueuse, voire malmenée. Ce constat nous permet de réajuster notre vie. Il se peut aussi que notre vie soit fort pieuse, mais pas très concrète…
Personnellement, j’ai toujours été impressionné de voir comment une maison qui traverse le temps subit de très nombreuses transformations. Parfois, ça passe par la crise d’une guerre ou même d’un incendie, voire une inondation. Après la catastrophe, des choses sont mises en évidence, des problèmes. Il s’en suit en général d’un plan de restauration et de réhabilitation. Pour cela, on n’improvise pas et on fait même appel à des spécialistes.
Pourquoi n’en irait-il pas ainsi de notre vie spirituelle ? S’arrêter un temps faire le bilan, reconnaître et découvrir les faiblesses et avec espérance échafauder un plan de restauration. Ensuite, il faut dégager des moyens, calculer le coût, etc.
Les moyens pour consolider notre maison sont multiples et variés. L’évangile de ce jour nous dit que c’est en faisant la volonté de Dieu et en mettant en pratique la parole que nous écoutons. Il est intéressant de noter que cette parole nous l’écoutons, nous ne la lisons pas. En général pour l’écouter, il faut l’entendre d’un autre. Le Tout-Autre (Dieu) se fait entendre par un autre. Dans la vie spirituelle, nous avons besoin de ne pas être seul. Pour le dire autrement, il nous faut quelqu’un avec qui échanger. Seul l’autre est capable de mettre le doigt sur nos brèches. C’est encore avec un autre que nous pourrons construire et consolider notre maison intérieure. C’est encore par la confession où un autre est présent que nous sommes réconciliés. Toujours et encore l’autre, présence du Tout-Autre. C’est grâce à ceux qui nous entourent que nous pouvons écouter la Parole et ensuite la mettre en pratique. Si nous construisons seul notre maison intérieure, nous n’y arriverons pas.
Cette crise où nous sommes isolés les uns des autres nous fait souffrir. Les autres nous manquent beaucoup. Prenons le temps de rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’ils nous ont apporté, de ce que chaque personne qui nous entoure représente pour nous. Prenons le temps aussi de considérer ce que représente l’eucharistie où nous écoutons la Parole. Cette pandémie a peut-être pour mérite de nous réapprendre la valeur de chaque chose et de chaque personne. C’est certainement le moment de mettre nouvellement en pratique cette parole que nous écoutons.
Abbé Xavier le Paige