2e dimanche de l’Avent
Année B

Première lecture : Is 40, 1-5.9-11
Psaume : 84 (85), 9ab.10, 11-12, 13-14
Deuxième lecture : 2 P 3, 8-14
Évangile : Mc 1, 1-8

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Homélie

Le texte qui vient d’être proclamé débute avec cette phrase : « Commencement de l’Évangile de Jésus. » Ce sont les premiers mots du livre de Marc. Ce n’est pas un titre ajouté par la liturgie.

Globalement, la première partie de la bible – autrement dit le premier testament – a été traduite en grec et la seconde, écrite en grec. Et en grec, « Bonne Nouvelle » et « Évangile », c’est le même mot. Dans la bible, ce mot ne désigne pas un livre ou un ensemble de livres dans lesquels le message de Jésus a été consigné. Ici, le mot « Évangile » signifie la Bonne Nouvelle de la libération de Juifs. En effet, après une longue période de déportation et d’exil à Babylone pendant 60 ans au VIe s. avant notre ère une partie de l’élite juive rentre en Palestine. Le mot « Évangile » évoque un peuple anéanti qui se relève et se remet en route vers son pays d’origine.

Chez saint Marc, le sens du mot « Bonne Nouvelle » se précise. Il se concentre sur une personne et plus sur un pays. La Bonne Nouvelle, l’Évangile, c’est ce que Jésus dit, ce que Jésus fait, parce que désormais en lui prend corps la libération promise depuis des siècles.

C’est pourquoi on ne met pas ce qu’on veut sous le mot « Évangile ». Jésus en sera toujours la référence, l’étalon or.

Marc dit encore : « Commencement de l’Évangile… ». Ce n’est donc qu’un début. Marc fait commencer ce début au désert. Cela fait écho à la citation d’Isaïe dans le verset suivant : « J’envoie mon messager pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert. » Le mot « Évangile » ne recevra tout son contenu qu’au terme de l’histoire de Jésus, quand son amour jusqu’à la mort sera reconnu par Dieu qui le ressuscitera le jour de Pâques. Le 5e Évangile continue à s’écrire aujourd’hui par ceux qui poursuivent la mission du Christ.

« J’envoie mon messager pour ouvrir ton chemin. »
– Non pas des messagers, manipulateurs qui prétendent avoir une ligne téléphonique avec le ciel. Les « Hérode » ne manquent pas.
– Non pas des messagers, beaux parleurs qui cherchent à nous endormir par leurs incantations, leurs envoûtements. Les pratiques sectaires ne manquent pas.
– Non pas des messagers rétrogrades qui n’aiment que le passé, qui regardent en arrière au risque de se trébucher. Les passéistes ne manquent pas.
– Mais des prophètes à l’image de Jean-Baptiste, messager du Christ qui regardent en avant, qui osent s’engager.

Un prophète n’est pas quelqu’un qui prédit l’avenir, à la manière de Nostradamus, mais quelqu’un qui porte un autre regard sur les événements, qui lit le présent avec d’autres yeux, les yeux de Dieu ; qui montre et désigne ce que nous ne voyons pas, qui discerne dans le présent quelque chose d’important qui se mijote.

Il n’y a pas que des prophètes religieux. Il y a aussi dans le domaine de l’art, la santé, le climat, la littérature, etc.

Jean-Baptiste prêche la conversion. Par son baptême, il appelle à accueillir la nouveauté que Jésus apporte.

« Préparez le chemin du Seigneur », dit‑il. Cela ne consiste pas en terrassements et en pavements mais plutôt dans une attitude de cœur. On rencontre nécessairement Jean-Baptiste sur la route qui mène à Jésus. On passe obligatoirement par lui. On ne va à Jésus que si l’on se convertit en permanence. Autrement dit, si on change de mentalité. C’est une des significations du baptême.

Nous convertir, devenir disciples, c’est à la fois reconnaître en Jésus le visage de Dieu et poursuivre les solidarités et les priorités qu’il s’est donné.

Sans être grand observateur il est évident que la situation n’est pas rose pour une grande majorité de personnes : les hôpitaux regorgent de monde, les homes sont pleins à craquer de même que les prisons, les CPAS ainsi que la multitude des associations caritatives sont débordés d’appels au secours, les files s’allongent au chômage… et je ne parle ici que de notre pays.

À l’image de l’ASBL « Action Vivre Ensemble », il existe encore aujourd’hui des prophètes qui luttent contre la faim et pour plus de justice, qui préparent des chemins et rendent droits des sentiers pour les hommes et les femmes que Dieu aime, qui aplanissent la route pour ceux qui peinent à se tenir debout.

Le travail ne manque pas, il y en a pour tous individuellement mais aussi collectivement. En effet pour déployer davantage encore notre efficacité, des associations innombrables dont « Vivre Ensemble » agissent pour structurer notre aide. « Vivre Ensemble » veut cette année fixer notre attention sur la pauvreté qui augmente. C’est pour améliorer leur condition que cette ASBL nous demande pendant la période de l’Avent de faire un don par virement vu qu’aucun rassemblement n’est organisé dans les églises.

Depuis huit jours, et jusqu’à Noël, nous vivons le temps de l’Avent autrement dit le temps de l’Avènement, de la venue de Jésus. Serons-nous prophète ? Parviendrons-nous à le reconnaître sans le laisser passer ?

Abbé Fernand Stréber