32e dimanche du temps ordinaire
Année A
Première lecture : Sg 6, 12-16
Psaume : Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 7-8
Deuxième lecture : 1 Th 4, 13-18
Évangile : Mt 25, 1-13
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Homélie
La parabole des 10 vierges : voilà encore une histoire inventée par Jésus pour nous aider à mieux le connaître.
Si je lis cette histoire littéralement, je risque de m’enfoncer. En effet, cette parabole fait l’éloge de 5 filles prévoyantes qui ne partagent pas leur huile. Cette histoire met aussi en scène un époux retardataire terriblement dur envers les 5 demoiselles imprévoyantes. Cette manière de comprendre le texte est contraire aux valeurs développées dans l’Évangile. Cela m’incite donc à chercher un autre chemin pour rejoindre ce que Jésus veut me dire.
La parabole met en scène une noce avec un cortège qui doit se former en pleine nuit. Faisons abstraction de notre accoutumance à l’éclairage public. Du temps de Jésus, tout se passait dans l’obscurité. Les demoiselles d’honneur avaient donc reçu une mission importante, celle d’éclairer le cortège par leurs lampes. Il est trop tard de penser aller chercher de l’huile au Night and Day quand le couple arrive. Si Jésus avait inventé cette histoire aujourd’hui, il aurait sans doute mis en scène des personnes qui auraient eu la responsabilité de précéder avec leurs voitures « vintage » le couple mis à l’honneur. Dans la caravane, certaines voitures seraient tombées en panne sèche. Il aurait été trop tard pour imaginer siphonner un autre réservoir en vue de prêter un peu d’essence. Il arrive un moment où plus personne ne peut plus aider.
Vous l’aurez compris. La parabole met en scène de l’huile autrement dit le symbole de quelque chose qui ne se prête pas : les filles imprévoyantes n’ont pas tellement envie d’être de la fête. Elles se trouvent bien comme çà. Au dernier moment, les autres demoiselles ne peuvent leur prêter leur joie d’être de la partie.
Essayons de voir dans notre vie quotidienne des exemples de choses qui ne se prêtent pas en dernière minute : dans l’équipe de foot, Eden Hazard a appris de bonnes techniques pour dribbler son adversaire. Cela ne se prête pas au copain qui n’a pas suivi les entraînements.
Lors de l’examen oral, l’étudiant qui a étudié son cours répondra aisément au professeur. Il ne pourra prêter ¼ d’heure avant l’examen, sa connaissance à son copain qui a remplacé l’étude de l’examen par une guindaille.
Le kiné ne pourra remplacer le blessé pour fournir les efforts adéquats en vue de réapprendre à marcher.
Certaines choses ne peuvent être partagées dans l’urgence : l’amour, la disposition du cœur, le goût de vivre…
L’esprit de partage peut résoudre beaucoup de choses. Mais ce recours a une limite : celle de notre engagement personnel. Dieu ne nous traite pas en assisté perpétuel. Chacun reste responsable de sa vie. Il arrive un moment où personne ne peut nous aider parce que la suite du processus dépend de notre liberté.
Dieu est prêt à faire beaucoup avec nous mais jamais à notre place. Il est tellement respectueux de notre liberté qu’il n’a pas envie de s’imposer. Inutile de le lui reprocher. Si notre cœur n’est pas disposé à faire un bout de chemin avec lui, nous ne pourrons parler d’exclusion à la salle des noces mais bien de respect de notre liberté de chacun. Là-dessus, Dieu est intransigeant.
Prendre ma vie en main voilà bien une attitude à adopter de manière constante. Il en va de mon bonheur. L’évangile d’aujourd’hui nous invite à y veiller en permanence. Y songer en dernière minute sera à coup sûr catastrophique. Veillons donc.
Abbé Fernand Stréber
(prisons et pastorale diocésaine)