Vendredi de la 34e semaine du Temps Ordinaire
Année paire • de la férie

Première lecture : Ap 20, 1-4.11 – 21, 2
Psaume : Ps 83 (84), 3, 4, 5-6a.8a
Évangile : Lc 21, 29-33

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Homélie

Aujourd’hui encore, la première lecture est un extrait de l’Apocalypse de saint Jean, dernier des 27 écrits du Nouveau Testament. Avec l’Apocalypse – a-t-on pu écrire – on touche aux ultimes rivages du Nouveau Testament.

Ce livre est souvent difficile, hermétique, rébarbatif même. Cela est particulièrement vrai du début du passage qui vient d’être lu : il constitue une des difficultés majeures de l’Apocalypse.

Que veut nous dire l’auteur sacré lorsqu’il écrit : « J’ai vu un ange (…) Il s’empara du Dragon, le serpent des origines, qui est le Diable, le Satan, et il l’enchaîna pour une durée de 1000 ans » ? Et encore : « Après cela, il faut qu’il soit relâché pour un peu de temps » ? En particulier que faut-il entendre par les deux notations temporelles « mille ans » et « un peu de temps » ?

Selon une bonne interprétation et pour des raisons que je n’ai pas à indiquer ici, l’une et l’autre notations de temps indiquent le même temps. Ce qui est exprimé en termes de succession est en réalité concomitant. Et le temps dont il est question est le temps de l’Église pendant lequel le mal, symbolisé par le Dragon, est à la fois précipité dans l’abîme, et en même temps encore agissant.

Presque chaque jour dans notre monde, nous nous cognons au mal. De nombreuses années ont passé. Mais je me rappelle comme si c’était hier d’une émission consacrée à l’affaire Dutroux. La maman de Julie n’a pu soutenir la vue d’images et a dû quitter le plateau. Comment de telles atrocités sont-elles possibles ?

Le passage de l’Apocalypse nous dit que si présentement, pendant le temps de l’Église, le mal se déchaîne, il est en même temps enchaîné. Car depuis Pâques, depuis la victoire du Ressuscité sur la mort et toute forme de mal, le mal est déjà vaincu, maîtrisé, muselé.

Un jour, cette victoire sera manifeste. Ce jour coïncidera avec la venue d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle, et l’avènement de la Jérusalem nouvelle, ou encore, pour le dire avec l’évangile, avec la venue du royaume de Dieu comparée à celle de la belle saison, l’été. Dans l’attente de ce jour, que l’espérance en nous soit la plus forte.  Le dernier mot ne sera ni au mal ni à la mort.

+ Pierre Warin,
évêque de Namur