Saint Willibrord, évêque
Diocèses de Liège, Malines-Bruxelles et Tournai

Première lecture : 1 Co 4, 1-5
Psaume : Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 7-8a, 10
Évangile : Mc 16, 15-20

Le moine anglais Willibrord fut envoyé évangéliser la Frise (690). Après avoir été ordonné évêque à Rome, il fixa son siège épiscopal à Utrecht (696). C’est lui qui fonda l’abbaye de Murbach, en Alsace, et celle d’Echternach, où il mourut en 739. Son culte y est demeuré populaire (Missel romain).

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Homélie

L’Évangile d’aujourd’hui clôture le livre de saint Marc. Le verbe « CROIRE » y est employé 3 fois. Cela me fait penser à cet échange dans une campagne.

Fernand invite son voisin à contempler la beauté de son champ de colza.
— Regarde mon colza. C’est le plus beau.
— Oui, répond l’autre agriculteur, mais n’oublie pas que tout cela est un don du créateur. Moi, j’y CROIS beaucoup.
Sans rien dire, Fernand emmène son interlocuteur auprès d’un terrain abandonné et lui dit :
— Regarde : voilà ce qui se passe quand on laisse ton créateur cultiver tout seul.
Que conclure sinon CROIRE que la beauté de la nature est à la fois 100% don de Dieu et 100% travail de l’Homme.

Des pèlerins font HALTE à Echternach, ville grand ducale dans laquelle saint Willibrord honoré aujourd’hui est passé. HALTE avant de repartir. Après la résurrection de Jésus, les apôtres ont été envoyés en mission comme saint Willibrord 7 siècles plus tard. En fait, ils ne sont pas partis tout de suite. Ils ont eu besoin de retrouver le calme, le silence, la prière après les désillusions, les incompréhensions, leurs doutes. N’oublions pas qu’ils viennent de vivre les événements de la passion-résurrection de Jésus. Et ils se sont enfermés dans une salle avec quelques femmes et amis. Ils ont fait HALTE. Ils sont retournés à la source comme saint Willibrod le fera aussi plus tard.

Saint Willibrord, ce missionnaire anglais puis irlandais, comme tous les grands évangélisateurs, est allé lui aussi puiser son énergie à la SOURCE de l’Évangile. Cette énergie débordante a tellement été reconnue et appréciée qu’un jour, l’Église a dit de lui qu’il était un saint. Il est représenté notamment sur des vitraux à Echternach et dans des églises belges.

Cela me fait penser à une 2e histoire. La catéchiste visite l’église avec les enfants et leur parle de saint Willibrord en montrant le vitrail qui le représente. Comme le soleil brille, les vitraux en paraissent d’autant plus vivants.
À la rencontre suivante la catéchiste demande :
— Qui est Willibrord ?
Julien répond :
— C’est quelqu’un qui laisse passer la LUMIÈRE de Dieu pour que les autres puissent en profiter.
La LUMIÈRE que saint Willibrord a laissé passer nous indique le chemin de l’Évangile telle la lampe frontale d’un sportif la nuit.

À chaque eucharistie, nous entendons un extrait d’Évangile pour nous plonger dans la vie du Christ et réévaluer notre agir chrétien dans nos différentes professions ou occupations. Et justement, aujourd’hui, c’est un départ en mission que nous venons d’entendre dans l’Évangile de Marc.

Cette prédication des apôtres ne sera efficace qu’après avoir longuement ECOUTÉ Dieu et s’être soucié de ce qui se passe autour de nous.

Cela nous sera plus facile à comprendre grâce à cette histoire du professeur éminent rendant visite à un sage. Il lui parle à n’en plus finir du mal, du bien, de Dieu, de l’enfer…

Il y a deux tasses sur la table. Tout en ÉCOUTANT ce professeur, le sage sert le café. La tasse du professeur déborde et le sage n’arrête pas pour autant de verser.
Voyant cela, l’éminent philosophe arrête son discours et lui dit :
— Mais vous ne voyez pas que la tasse déborde.
— Elle est comme vous : elle est tellement pleine qu’on ne peut plus rien y ajouter. Vous êtes tellement rempli que vous ne pouvez plus ÉCOUTER.

Je résume ces trois petites histoires en lien avec saint Willibrord :
L’admiration du champ de colza contribue à nous aider à CROIRE en Dieu.
Le vitrail nous fait comprendre qu’un saint c’est quelqu’un qui laisse passer la LUMIÈRE de Dieu pour que son entourage puisse en profiter.
La tasse de café débordante nous rappelle l’importance de la HALTE pour retourner à la SOURCE et ÉCOUTER.

Abbé Fernand Streber