Les Normes universelles de l’année liturgique et du calendrier indiquent : « Tout en célébrant le mystère du Christ pendant le cycle de l’année, l’Église vénère aussi, avec un amour particulier, la bienheureuse Mère de Dieu, Marie (…) » (NUAL 8). Sacrosanctum Concilium, la Constitution sur la liturgie, précise d’ailleurs qu’ « en Marie, l’Église admire et exalte le fruit le plus éminent de la Rédemption, et comme dans une image très pure, elle contemple avec joie ce qu’elle-même désire et espère être tout entière » (SC 103).

Selon une tradition déjà ancienne, dans l’Église catholique, les samedis peuvent être consacrés à la Vierge Marie. L’on attribue, par exemple, à Alcuin (moine de l’époque carolingienne) des intentions mariales pour le samedi. Si de nombreuses raisons à ce fait ont été évoquées par les théologiens au fil des siècles (1), saint Thomas d’Aquin invoque l’explication suivante : « Et comme la résurrection du Christ se fit un dimanche, c’est ce jour-là que nous solennisons, comme les Juifs le sabbat, à cause de la première création. (…) toutefois nous conservons le sabbat en l’honneur de la glorieuse Vierge, car en ce jour de la mort du Christ sa foi demeura entière » (2).

Aujourd’hui, les NUAL indiquent encore : « Les samedis per annum où il n’y a pas de mémoire obligatoire on peut faire mémoire facultative de la bienheureuse Vierge Marie » (NUAL 15). La Présentation générale de la liturgie des heures mentionne également ceci : « Les samedis du temps ordinaire où sont permises les mémoires facultatives, on peut célébrer, sous le même rite, la mémoire facultative de sainte Marie, avec sa lecture propre » (PGLH 240). La Présentation générale du Missel romain, dans sa dernière édition, insiste de la même façon : « La mémoire facultative de sainte Marie les samedis du temps ordinaire (“per anuum”) est particulièrement recommandée car dans la liturgie de l’Église, en premier lieu et avant tous les saints, la vénération s’adresse à la Mère du Rédempteur » (PGMR 378). Rappelons qu’il s’agit bien des samedis de la férie où il n’y a pas de mémoire obligatoire puisque « les messes pour intentions et circonstances diverses et les messes votives sont prohibées les jours de mémoire obligatoire (…) » (PGMR 376).

La Présentation générale du Missel romain insiste encore davantage sur la célébration de la Vierge Marie. Dans le paragraphe consacré aux mémoires facultatives, il est indiqué : « Là où les fidèles sont attachés aux mémoires facultatives de la bienheureuse Vierge Marie ou des saints, il [le prêtre] satisfera leur légitime piété » (PGMR 355). Le numéro 375 précise également : « Les messes votives des mystères du Seigneur, ou en l’honneur de la bienheureuse Vierge Marie, des Anges, de tel saint, ou de tous les Saints, peuvent être dites pour la piété des fidèles les jours de férie du Temps ordinaire (“per annum”), même s’il y a ce jour-là une mémoire facultative. Mais on ne peut célébrer comme messes votives les messes qui se rapportent aux mystères de la vie du Seigneur ou
de la bienheureuse Vierge Marie, excepté la messe de son Immaculée conception, parce que leur célébration est liée au cours de l’année liturgique. »

Nous le comprenons donc bien : s’il est de tradition de consacrer le samedi, lorsque cela est permis, à la célébration de la Vierge Marie, on peut aussi la célébrer plus largement les jours de férie du temps ordinaire, lorsqu’il n’y a pas de mémoire obligatoire.

(1) Lire notamment Ignazio Calabuig, « Il culto di Maria in occidente » dans A.J. Chupungco (dir.), Pontificio Istituto Liturgico. Scientia Liturgico V, Milano, Piemme ed., 1998, p. 342.
(2) Thomas d’Aquin, Les commandements 92-93, Introd., trad. et notes par un moine de Fontgombault, coll. Docteur Commun, Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1970, p. 118-120.