Saint Léon le Grand, pape et docteur de l’Église, mémoire

Première lecture : Tt 2, 1-8.11-14
Psaume : Ps 36 (37), 3-4, 18.23, 27.29
Évangile : Lc 17, 7-10

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Homélie

Les derniers mots de Jésus dans l’évangile ne risquent-ils pas de nous décourager, de nous démotiver en cette période de « reconfinement », où le service et surtout le serviteur jouent un rôle important ?

Il y a une sorte de « paradoxe évangélique », car nous aurions préféré entendre les paroles réconfortantes de Matthieu : « C’est bien, bon et fidèle serviteur, lui dit son maître (…) entre dans la joie de ton maître ! » (Mt 25,23) ou de Luc : « Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » (Lc 10,2), ou encore ces autres textes qui mettent en valeur la fidélité du serviteur.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, nos oreilles d’homme ont tendance à entendre le manque de reconnaissance…

Reconnaissance qui est énoncée par Luc quelques chapitres plus tôt : « Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir » (Lc 12,37) ou quelques chapitres plus loin : « Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22,27).

Revenons cependant à l’évangile que nous recevons ce mardi et cherchons comment il peut nous nourrir aujourd’hui !

Tout d’abord, je voudrais revenir à la première lecture. Paul, dans sa courte lettre à Tite, donne des conseils aux hommes âgés, aux femmes âgées, aux jeunes femmes, aux jeunes et à « Toi-même » en nous invitant à être « un modèle par la façon de bien agir ». Ce « bien agir » pourrait renvoyer au service. Les plus curieux d’entre vous auront remarqué que la liturgie n’a pas gardé les versets 9 et 10 où il est donné des conseils… aux esclaves ! Il n’est pas question de se mettre au service en étant écrasé, exploité et en perdant notre humanité. Dieu nous veut debout !

Ensuite, le psaume nous dit que si nous agissons bien, avec confiance et fidélité, si nous mettons notre joie dans le Seigneur, « il comblera les désirs de ton cœur ». Dans la relation à Dieu, si l’homme se laisse guider par son Seigneur et choisit le « bien », ce qu’il recevra en retour sera bien plus grand que ce qu’il aura donné.

Enfin, est-ce que ce qui ressort de l’évangile est un manque de reconnaissance ? La question de la reconnaissance est bien posée, mais elle reste ouverte ! Humainement, nous avons tous besoin de reconnaissance ! Lors du premier confinement, alors que les infirmières et autres personnels soignants étaient au front, il était important qu’à 20h00 des hommes et des femmes sortent pour les applaudir ! Par notre baptême et à la suite du christ, notre humanité est invitée à être unie à la Divinité. Quand vous regarderez la messe à la TV, sur Facebook ou YouTube, soyez attentifs à ce que dit le prêtre ou le diacre au moment de verser une petite goutte d’eau dans le vin : « … puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité ».

Il y a sans doute-là une clé de lecture et une interpellation à comprendre le service et à être serviteur comme le Christ. Jésus-Christ avec un tiret… ce tiret qui unit Humanité et Divinité. Tournons-nous vers ce Christ qui se met au « Service Total », sans qu’il ne soit question de « donner et recevoir » ou encore de reconnaissance. S’il y a bien un texte qui nous parle du Service (avec un « grand S »), c’est le « Lavement des pieds » chez Jean (Jn 13). Il nous donne un exemple d’humilité et de service de notre prochain. Il n’est pas anodin que cet exemple soit donné par le Christ lui-même. Quelle belle image qui renvoie au diaconat et à la diaconie… qui revêt toute son importance en cette période que nous vivons ! Avec humilité, mettons-nous au service de l’autre, notre prochain malade, fragile, en difficultés, en souffrance, en deuil ou en insécurité… avec la simplicité inspirée du Christ. Rentrons dans cette Divinité, chemin que nous pouvons aussi appeler la sainteté, à la suite de tous ces grands Saints du mois d’octobre (saint François d’Assise, sainte Thérèse, saint Luc, saint Jean-Paul ii, le jeune et bienheureux Carlo Acutis)…

En conclusion, l’évangile de ce jour nous nourrit plus que jamais aujourd’hui d’un message et d’une invitation : en cette période de crise, agissons chacun à notre niveau et en fonction de nos possibilités, en nous mettant au service de nos prochains, avec le Christ et comme le Christ !

Amen.

Diacre Michael Jean