Lundi, 3e semaine de l’Avent
S. Jean de la Croix, prêtre, docteur de l’Église • Mémoire

Première lecture : Nb 24, 2-7.15-17a
Psaume : Ps 24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9
Évangile : Mt 21, 23-27

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Homélie

Nous voici à la troisième semaine de l’Avent, à mi-chemin de notre route vers Noël. Dans la liturgie du dimanche « Gaudete », saint Paul nous a invités à la joie (« Soyez toujours dans la joie » car le Seigneur va venir) comme déjà le prophète Isaïe (« L’Esprit du Seigneur est sur moi (…) Je tressaille de joie (…) ») ainsi que la Vierge Marie dans son cantique, placé à la suite du texte d’Isaïe (« Mon âme exalte le Seigneur (…) il se souvient de son amour »). Cette joie ne peut se confondre avec l’optimisme, une attitude facile dans les périodes où « tout baigne » ! C’est la joie évangélique qui traverse l’épreuve. C’est l’espérance qui permet de tenir bon dans l’attente du salut. Plus qu’un bénéfice individuel, le motif de cette joie concerne le bien de tout le peuple : « Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé (…) proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur ». L’Alliance s’ouvre à la multitude des hommes.

Les textes de ce lundi sont contrastés. Dans les Nombres, nous lisons une annonce de la venue du Messie, pour nous préparer à Noël : « Un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issu d’Israël. » Dans l’évangile de saint Matthieu, au contraire, Jésus est affronté à ses contradicteurs. Il est proche de sa Passion. Ainsi, la liturgie nous dispose à embrasser tout le ministère de Jésus, depuis sa naissance parmi nous jusqu’à l’épreuve finale du Golgotha. Cette épreuve est le signe que l’accueil de l’Évangile n’est pas chose facile, surtout pour les autorités juives. Il n’est jamais simple de se convertir, de faire confiance au Prophète. Sa parole n’est pas nécessairement celle que nous attendons, ni celle qui nous conforte dans nos certitudes.

La prophétie de Balaam est intéressante. Ce prophète païen, invité par le roi Balaq à maudire Israël, le peuple ennemi, se met au contraire à le bénir en annonçant la venue d’un mystérieux roi issu de Jacob et d’Israël. Le peuple d’Israël que Dieu a béni, Balaam se refuse à le maudire. Dieu parle aussi à travers les païens ! Ceux-ci peuvent se montrer disponibles à faire la volonté de Dieu, comme le roi païen Cyrus qui libéra le peuple retenu en esclavage à Babylone. Balaam devient pour un moment le prophète du Dieu unique, le Créateur, en annonçant, même confusément, la naissance du Messie attendu. Un missionnaire français en Asie a écrit il y a un demi-siècle un livre bien d’actualité : Dieu aime les païens. L’épisode de Balaam nous le rappelle. Il nous invite au dialogue interreligieux, c’est-à-dire avec les religions non chrétiennes.

L’évangile d’aujourd’hui montre Jésus affronté aux autorités juives. Juste avant, en saint Matthieu, nous trouvons l’épisode des vendeurs chassés du Temple et la scène du figuier desséché. Deux gestes prophétiques posés par Jésus. Ils signifient que la Loi et le vénérable Temple ont fait leur temps. Désormais, c’est en Jésus que Dieu se donne à connaître et à rencontrer dans le culte « en esprit en vérité » (Jn 4,23-24). La question-piège des grands prêtres et des anciens veut mettre Jésus dans l’embarras : « Par quelle autorité fais-tu cela ? ». Jésus ne répond pas. Il les renvoie au baptême administré par Jean-Baptiste. Vient-il de Dieu ou non ? Les Juifs sont coincés, car beaucoup de gens ont fait confiance à Jean-Baptiste. Leur non-réponse montre leur embarras : impossible pour eux de reconnaître que Dieu y était à l’œuvre, impossible aussi de le nier. Mieux vaut en rester là.

Abbé André Haquin