Lundi de la 33e semaine du Temps Ordinaire
Année paire • de la férie

Première lecture : Ap 1, 1-4 ; 2, 1-5a
Psaume : Ps 1, 1-2, 3, 4.6
Évangile : Lc 18, 35-43

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« Au vainqueur, je donnerai de goûter à l’arbre de la vie » (Ap 22, 2)

L’Apocalypse de saint Jean est lue au temps de Pâques et aux messes des 33e et 34e semaines, année paire. C’est le livre du combat pascal et de la victoire contre les puissances du mal.
C’est aussi le livre de la fin de l’année liturgique. Cela n’est pas dû au hasard. Il nous invite à jeter un regard vers le long terme, la fin des temps : fin de l’année liturgique et fin de l’histoire terrestre s’éclairent mutuellement. Les chrétiens connaissent peu ce dernier livre de la Bible. Pourquoi ne pas faire homélie sur l’Apocalypse, au cours de ces deux semaines ? Le disciple du Christ n’est-il pas tendu vers le retour glorieux de son Seigneur : « Viens, Seigneur Jésus » ? Les premiers chrétiens attendaient et espéraient cette venue bienheureuse. Et nous, l’attendons-nous ? Et de quelle manière ? L’acclamation de l’anamnèse de la messe nous invite à l’espérance : « Nous attendons ta venue dans la gloire ».

« Apocalypse » signifie non pas catastrophe, mais révélation : « Révélation de Jésus Christ » ou concernant Jésus Christ. Les tourments de l’histoire n’auront qu’un temps et l’affrontement avec les puissances du mal va cesser. La victoire de l’Agneau, l’envoyé de Dieu, va être manifestée. De suite, le texte formule une première béatitude : « Heureux ceux qui écoutent les paroles de la prophétie (…) car le temps est proche. » En ce temps d’épreuve où la situation d’isolement et de confinement, et plus encore le séjour à l’hôpital, est si difficile pour beaucoup, l’Apocalypse jette une lumière réconfortante et nourrit notre espérance.

La deuxième partie (2,1-5a) est adressée aux sept Églises, et plus spécialement à l’Église d’Éphèse. Le message est contrasté. Il commence par des félicitations au responsable de cette communauté chrétienne : « Tu ne manques pas de persévérance et tu as tant supporté pour mon nom, sans ménager ta peine. » Vient maintenant le reproche : « J’ai contre toi que ton premier amour, tu l’as abandonné. » À quoi fait allusion ce passage ? Aux Églises de la Cappadoce (Turquie) qui vivent dans un territoire prospère sous domination romaine, mais qui pactisent avec les cultes païens qui s’y pratiquent, notamment le culte de l’empereur. Le prophète Jean transmet l’invitation de Dieu à la conversion.

Le refrain du psaume 1 (« Heureux l’homme qui… ») évoque à la fois la victoire du Christ et la récompense de ceux qui resteront fidèles à l’Alliance : « Au vainqueur, je donnerai de goûter à l’arbre de la vie » (22,2). Les fruits de l’arbre de vie seront offerts aux serviteurs fidèles. Déjà présent au paradis terrestre, l’arbre de vie annonce les bienfaits de la Jérusalem céleste. On peut penser que c’est l’arbre de la croix « qui a porté le salut du monde » (Vendredi Saint) ; c’est aussi le fruit de la victoire pascale. La mort est la Pâque du Christ, son « passage » vers son Père. La vie du Ressuscité jaillit de cette mort vécue par amour pour nous, pour servir l’Alliance de Dieu avec l’humanité.
Soyons prêts à ouvrir lorsque le maître frappera à la porte. Il est l’Agneau immolé qui nous sauve de la mort et du désespoir. Veillons dans la prière, veillons en soutenant les pauvres du monde et de nos pays auxquels la « Caritas » et « Entraide et Fraternité » viennent en aide, afin de ne pas faire mentir l’oraison : « Fais-nous tenir notre devoir de louange et de service » ! Amen.

                                                                                                           Abbé André Haquin