Sainte Elisabeth de Hongrie, mémoire

Première lecture : Ap 3, 1-6.14-22
Psaume : Ps 14 (15), 1a.2, 3bc-4ab, 4d.5
Évangile : Lc 19, 1-10

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Homélie

Mes Sœurs et mes Frères, nous connaissons bien cette page d’Évangile ; si bien que nous risquons de ne plus prendre la peine de grimper sur le sycomore. Un peu comme Zachée, derrière la foule, il nous arrive de rester cloisonnés derrière nos habitudes, nos acquis, nos obligations religieuses, nos prescriptions sociologiques, nos culpabilités sans prendre la peine de « grimper » pour voir Jésus. Car vouloir rencontrer Jésus, en vérité, cela nécessite une démarche volontaire avec le risque de se laisser bousculer par lui.

Je pense à André et Jean qui suivent Jésus, celui-ci se retournant, leur demande : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi, où demeures-tu ? Il leur dit : “Venez, et vous verrez.” Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. » Voilà une rencontre qui a bouleversé leur vie.

André trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie. » Simon se met en route à la suite de son frère et Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas – ce qui veut dire : Pierre. » Encore une rencontre qui chamboulera une vie.

Nous laisser regarder par Jésus, nous engage ; pensons à saint Mathieu. Jésus est à Capharnaüm et il vit, en passant, un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de collecteur d’impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » L’homme se leva et le suivit. Le regard de Jésus va conduire Mathieu sur le chemin du martyr ; ce qui n’était certainement pas son idéal de vie au moment de la rencontre.

La rencontre de Zachée avec Jésus va profondément perturber sa vie : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »

Aujourd’hui, nous fêtons sainte Élisabeth de Hongrie. Élisabeth, Élisabeth est une souveraine de Thuringe qui décide de renoncer à une vie de luxe et de frivolité pour se mettre au service des pauvres. Sa piété la fait juger extravagante. Ainsi, entrant dans une église, la jeune souveraine dépose sa couronne au pied de la croix ; sa belle-mère la critique et lui fait remarquer publiquement que son attitude est indigne d’une princesse. Élisabeth lui rétorque qu’elle ne saurait porter une couronne d’or quand son Dieu porte une couronne d’épines. À la mort de son époux, elle n’a que 20 ans, sa belle-famille la chasse du domaine princier. Elle peut ainsi librement revêtir l’habit du Tiers-ordre franciscain récemment fondé par saint François d’Assise. Désormais, elle consacre toute sa vie et son argent aux pauvres pour qui elle fait construire un hôpital. Sainte Élisabeth s’est laissé regarder par Jésus et cela a totalement transfiguré sa vie.

Mes Sœurs et mes Frères, le temps de confinement, qui nous prive des contacts sociaux habituels, est bien entendu un obstacle à surmonter, mais est, peut-être aussi, une chance à saisir pour grimper sur le sycomore afin de croiser le regard de Jésus au risque de nous laisser bousculer.

Chanoine Philippe Masson