Vendredi de la 31e semaine du Temps Ordinaire
Année paire • de la férie

Première lecture : Ph 3, 17 – 4, 1
Psaume : Ps 121 (122), 1-2, 3-4ab, 4cd-5
Évangile : Lc 16, 1-8

Homélie

L’évangile de ce jour est surprenant : Jésus ferait-il l’éloge d’un gérant malhonnête ? En réalité la parabole du gérant habile n’exalte pas la malhonnêteté de celui-ci, mais fait son éloge en ceci qu’il a pris les moyens pour s’assurer un avenir. Et elle nous invite à faire de même. Un avenir radieux nous est offert gracieusement par le Seigneur, mais notre oui actif est nécessaire. Et nous devons mettre en œuvre les moyens qui traduisent dans les faits notre oui.

Je voudrais aujourd’hui m’arrêter surtout à la première lecture. La lettre de saint Paul aux chrétiens de Philippes est particulièrement affectueuse. Au début, Paul s’y exprime ainsi : « Je vous porte dans mon cœur (…) Oui, Dieu m’est témoin que je vous chéris tous dans la tendresse de Jésus Christ » (1,7-8). Et dans le passage que nous venons d’accueillir, il écrit : « mes frères bien-aimés pour qui j’ai tant d’affection, (…) tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés. »

Si saint Paul appelle les chrétiens de Philippes ses frères bien-aimés, c’est parce que pour le Seigneur ils sont ses fils bien-aimés. Au baptême de Jésus, une voix est venue sur lui, exprimant sa vérité la plus intime : « Tu es mon fils » (cf. Lc 3,22), « mon Fils bien-aimé » (cf. Mt 3,17 et Mc 1,11). La même voix « Tu es mon fils bien-aimé, tu es ma fille bien-aimée » est adressée à chacun et chacune. Et cette voix exprime semblablement notre vérité la plus intime. Être le fils bien-aimé, la fille bien-aimée de Dieu est la vérité la plus ultime de tout homme et de toute femme qu’ils soient croyants ou non.

Nous vivons dans un monde facilement impitoyable, où on ne fait guère de cadeaux, rempli de voix qui crient : « Tu as tel et tel défaut ; tu es laide ; tu n’es pas intelligent ; tu es insignifiant ; tu n’es pas qualifié, tu ne conviens pas », ou encore : « Je n’ai pas de place pour toi. » Dans notre monde, il n’est pas facile d’entendre la petite voix, la voix qui murmure : « Tu es mon fils bien-aimé ; tu es ma fille bien-aimée. »

Parfois on cède aux voix du monde. Et au lieu de faire la part des choses et de reconnaître ses propres limites et celles des autres, on se blâme pas seulement pour ce qu’on a fait mais également pour ce qu’on est. Notre côté sombre hurle alors : « Tu ne vaux rien, tu mérites d’être oublié, mis de côté, tenu pour rien. »

C’est un grand piège que de céder à ces voix et de se déprécier soi-même. C’est même le plus grand piège. La dépréciation de soi-même est le plus grand piège, parce qu’elle est en contradiction avec notre vérité la plus ultime, avec la voix qui nous dit : « Tu es mon fils bien-aimé ».

Frères et sœurs, nous vivons présentement un temps difficile et facilement des papillons noirs peuvent battre devant nos yeux. Au sein de ce temps d’épreuve, voulons-nous nous rappeler que quoi qu’il nous arrive nous sommes les fils bien-aimés, les filles bien-aimées du Père ?

+ Pierre Warin
Chapelle de l’Évêché

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