Dédicace de la Basilique du Latran, fête

Première lecture :Ez 47, 1-2.8-9.12 ou 1 Co 3, 9c-11.16-17
Psaume : Ps 45 (46), 2-3, 5-6, 8-9a.10a
Évangile : Jn 2, 13-22

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Homélie

Dans son sens premier, le mot « église » (ecclesia) si­gnifie « rassemblement ». Celui dont Dieu prend l’ini­tiative en nous appelant à son Alliance. Ce mot dé­signe aussi la réponse à l’invitation de Dieu, l’acte de nous rassembler. La liturgie est l’ « assemblée » des chrétiens réunis. Le second sens du mot « église » désigne la « maison de prière » dans laquelle nous nous rassemblons. Nos églises et chapelles, et d’abord l’église du diocèse qu’on appelle la « cathé­drale ». C’est là que l’évêque du diocèse rassemble les chrétiens dont il a la charge, pour célébrer la li­turgie avec eux, nourrir leur foi et leur charité par son enseignement. C’est dans l’église cathédrale que se trouve le « siège » (cathedra) de l’évêque.

La Dédicace de la Basilique du Latran fête à la fois l’anniversaire de la consécration de la cathédrale de Rome et la communauté des croyants qui depuis des siècles s’y retrouve avec son évêque, le pape, gardien pour toute l’Église de l’unité vécue dans la charité. L’oraison de la messe prie d’ailleurs pour les membres vivants de l’Église : « Dieu, qui choisis des pierres vivantes pour bâtir la demeure éternelle de ta gloire, fais abonder dans ton Église les fruits de l’Esprit que tu lui as donné : que le peuple qui t’ap­partient ne cesse pas de progresser pour l’édification de la Jérusalem céleste ». Nous fêtons non seule­ment l’Église de la terre, en construction, mais aussi la Jérusalem céleste qui aura alors sa stature défini­tive, comme dit l’Apocalypse. La préface de la fête le dit clairement : « Dans cette maison que tu nous as donnée (…) tu nous offres un signe merveilleux de ton alliance : ici, tu construis pour ta gloire le temple vivant que nous sommes ; ici tu édifies l’Église, ton Église universelle, pour que se constitue le corps du Christ et cette œuvre s’achèvera en vision de bonheur dans la Jérusalem céleste » (préface 1). L’Église est le « temple vivant » que Dieu habite et le « corps du Christ » dont nous sommes les membres. Ces deux images sont complémentaires : celle d’un Dieu « architecte » attelé à la construction dont nous sommes les « pierres vivantes » et l’image d’un vi­vant, le « Corps du Christ » en croissance.

Les lectures bibliques apportent leur richesse propre : du Temple de Dieu sort une eau qui donne la vie aux poissons, aux animaux, aux arbres fruitiers et à ceux qui se nourriront de leurs fruits et y trou­veront le remède pour leurs maladies (Ez 47). Cette eau annonce celle du baptême. Le salut est présenté par saint Paul comme l’édification d’une maison pour y vivre dans la communion et la fraternité ! L’évangile du jour est celui des vendeurs chassés du Temple. « L’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » (Jn 4). Désormais, le lieu où Dieu se donne à rencontrer n’est plus le Temple des sacrifices, mais le corps du Christ lui-même, par lequel il s’est fait l’un de nous (Jn 1,24) prenant notre condition jusque dans ses dimensions les plus tra­giques.

La Basilique du Latran sur le Mont Coelius, est au­jourd’hui encore la cathédrale de l’évêque de Rome, depuis sa consécration le 9 novembre 324. L’eau du célèbre baptistère du Latran a donné la vie nouvelle aux nombreux habitants de la Ville. Le pape a résidé au Latran jusqu’en 1304. Après les papes d’Avignon, Nicolas v décide de transférer les services de l’Église et la résidence papale sur la colline du Vatican, là où la basilique Saint-Pierre a été édifiée au ive siècle à la mémoire du premier apôtre.

Abbé André Haquin