À l’aube de cette nouvelle année, nous pourrions formuler ce souhait : prenons soin (le « cura » latin) de nos liturgies. Le pape François, dès le début de son pontificat, écrit ceci dans son exhortation apostolique La joie de l’évangile 24 : « L’Église évangélise et s’évangélise elle-même par la beauté de la liturgie (…). Il y a quelques mois, il a signé un nouveau texte sur la liturgie, Desiderio desideravi.

Dans cette lettre adressée à tout un chacun, le pape nous rappelle l’importance de la formation à la liturgie et par la liturgie et nous propose des pistes de réflexion pour aider à « la contemplation de la beauté et de la vérité de la célébration chrétienne » (1). Soulignons, brièvement, certains aspects.

Citant Guardini, « l’homme doit retrouver sa puissance symbolique », le pape fait un constat interpellant : « La tâche n’est pas facile car l’homme moderne est devenu analphabète, il ne sait plus lire les symboles, il en soupçonne à peine l’existence » (44).

Le sumbolon grec était une marque de reconnaissance. Spontanément, on associe « symbole » au symbole de foi (Credo), signe du partage d’une même foi. Dom Le Gall rappelait que « La liturgie (…) ne peut se passer du “liant” symbolique. Contrairement à Dieu qui ne cesse de rassembler son Peuple en utilisant le symbolisme de sa création, le “diable” (dia : “à travers” et baléin : “jeter”) disperse, sépare, disjoint. La signification des signes sacramentels opère à l’intérieur du symbolisme des éléments qu’ils utilisent : le pain et le vin ont un symbolisme plus vaste et plus large que leur fonction eucharistique ; il en est de même pour l’huile et pour l’eau (…). »

Prenons-nous bien soin de rendre visible ce symbolisme au peuple de Dieu ? Nos cierges sont-ils de vrais cierges (« colonne de cire œuvre des abeilles ») ? L’encens employé diffuse-t-il une bonne odeur ? Le feu de Pâques est-il un vrai feu ? Le cierge de Pâques est-il utilisé à dessein ? Cela ne suffit pas à une participation pleine, mais le pape nous rappelle que c’est une condition préalable pour ne pas priver les fidèles du « mystère pascal célébré selon le rituel établi par l’Église » (23).

Il y aurait encore à soigner bien d’autres choses dans nos liturgies comme l’occupation de l’espace (pas seulement du Sanctuaire, du chœur), la proclamation de la Parole, ou encore nos chants.

À l’approche de la fête de Noël, où l’on s’émerveille devant la crèche de Noël, citons encore ce passage : « L’émerveillement est une partie essentielle de l’acte liturgique car c’est l’attitude de ceux qui se savent confrontés à la particularité des gestes symboliques ; c’est l’émerveillement de celui qui fait l’expérience de la puissance du symbole, qui ne consiste pas à se référer à un concept abstrait mais à contenir et à exprimer dans sa concrétude même ce qu’il signifie. »

Prendre soin de nos liturgies, c’est aussi prendre soin de nos assemblées. Sainte fête de Noël !