Ce dimanche est appelé dimanche « Gaudete ». Si vous allez à la messe ce week-end, vous verrez peut-être le prêtre de votre paroisse porter une chasuble de couleur rose.

Dimanche de Gaudete

Il nous faut nous intéresser à l’introït grégorien du jour pour comprendre l’appellation particulière de ce dimanche :

 

 

Gaudéte in Dómino semper : íterum dico, gaudéte.
Modéstia vestra nota sit ómnibus homínibus : Dóminus enim prope est.
Nihil sollíciti sitis : sed in omni oratióne petitiónes vestræ innotéscant apud Deum.
Ps. Benedixisti, Domine, terram tuam : averisti captiivitatem Jabob. Gloria Patri.

 

Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie.
Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche.
Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes.
Ps. Tu as aimé, Seigneur, cette terre, tu as fait revenir les déportés de Jabob. Gloire au Père.

Le texte de l’introït est un extrait de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (chap. 4, versets 4 à 6). Le verset du psaume n’est autre que le v. 2 du Ps 84. L’Église, dans une attente confiante, est invitée à entrer dans la joie de la venue prochaine du Sauveur[1] annoncé par Jean-Baptiste. Tout au long de l’Avent, l’Église répète d’ailleurs « Viens, Seigneur Jésus ».

Alain Dumont[2] nous invite également à nous intéresser aux lectures de ce dimanche : il signale que « les prophètes Isaïe [A/B] et Sophonie [C] associent la venue du Messie et la joie ». Jean-Baptiste, quant à lui, « nous aide à accueillir les signes de la proximité du Royaume ».

La prière d’ouverture de la messe nous invite aussi à la joie : « Tu le vois, Seigneur Dieu, ton peuple attend avec foi la fête de la naissance de ton Fils ; nous t’en prions, accorde-nous de parvenir au bonheur d’un tel salut, et de le célébrer solennellement avec une joie toujours nouvelle. Par Jésus Christ… »

Des vêtements liturgiques roses

Le Pape François en voyage apostolique au Maroc (2019) • © Vatican Media

La Présentation générale du Missel romain, nous indique, dans le chapitre consacré aux vêtements liturgiques, et plus particulièrement au numéro 346f : « On peut employer le rose, là où c’est l’usage, au troisième dimanche de l’Avent (Gaudete) et au quatrième dimanche de Carême (Laetare). » Il ne s’agit donc pas de la couleur la plus employée dans la liturgie.

La liturgie du temps de l’Avent est marquée par une forme de simplicité, pour ne pas anticiper « la joie complète de la Nativité du Seigneur » (PGMR 305, 313) : on ne chante pas le Gloria, « l’autel sera décoré de fleurs avec la sobriété qui convient au caractère de ce temps » (PGMR 305), « on se servira de l’orgue et des autres instruments de musique avec la discrétion qui convient au caractère de ce temps » (PGMR 313). La couleur liturgique est le violet qui dénote le temps de la préparation, de pénitence.

Le rose, que certains associent à une « couleur violette très lumineuse[3] » marque une pause dans ce temps de préparation : nous pouvons déjà anticiper partiellement la lumière de Noël. Voici ce que le pape Benoît XVI explique au sujet de cette lumière lors de l’audience générale du 21 décembre 2005 : « Il s’agit d’un symbole évocateur d’une réalité qui touche l’homme en profondeur : je me réfère à la lumière du bien qui vainc le mal, de l’amour qui dépasse la haine, de la vie qui l’emporte sur la mort. C’est à cette lumière intérieure, à la lumière divine que fait penser Noël, qui revient nous proposer la victoire définitive de l’amour de Dieu sur le péché et la mort. »

Si la couleur rose se répand à partir du XVIe siècle (ou XVIIe, selon les sources) pour le dimanche de Laetare ou dimanche de la rose[4] (actuel 4e dimanche de Carême), ce n’est qu’en 1901 que son usage est étendu au 3e dimanche de l’Avent (décret du 23 novembre), par analogie avec le dimanche de Laetare. Le Dictionnaire des arts liturgiques indique que « la nuance est un rose pâle, “couleur de la rose séchée[5]” ».

Entrons déjà ce dimanche dans la joie que nous suscite la venue toute proche du Sauveur. « Joie sur terre, l’aube va paraître, Joie sur terre, Dieu vient nous sauver[6] » nous dit un chant bien connu dans nos paroisses.

Maxime Bollen

[1] « Paul y insiste peu dans ses principales épîtres. Voir Rm 13,11-12 ; 1 Co 7,29-31 ; Ep 5,16 », Henri Delhougne (dir.), La Bible. Traduction liturgique avec notes explicatives, Paris, Salvator, 2020, p. 2669.

[2] Alain Dumont, La messe et la liturgie expliquées… aux cathos, préf. Mgr R. Le Gall, Paris, Emmanuel, 2014, p. 251.

[3] Ibid., p. 53.

[4] On fait ici référence à la bénédiction d’une rose d’or, originellement le 4e dimanche de Carême, ensuite offerte à un sanctuaire. Par exemple, le pape François a offert une rose d’or au sanctuaire de Fatima lors de son voyage en 2017.

[5] Bertrand Berthod, Gaël Favier, Élisabeth Hardouin-Fugier (dir.), Dictionnaire des arts liturgiques. Du Moyen Âge à nos jours, Chateauneuf-sur-Charente, Frémur, 2015, p. 420.

[6] Claude Rozier (texte), Jean Bonfils (musique), Joie sur terre (E 32), Fleurus Éditions, 1960.