Saint-Hubert, évêque, mémoire (sol. à Luxembourg)

Première lecture : 1 Co 9, 16-19.22-23
Psaume : Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 7-8a, 9-10a
Évangile : Mt 9, 35-38

Successeur de saint Lambert, Hubert ramena le corps du martyr de Maastricht à Liège et détermina ainsi l’évolution de la Cité, dont il est le patron. Évangélisateur, il parcourut la Belgique orientale pour implanter la foi. C’est à Tervuren qu’il mourut accidentellement en 727. Il fut inhumé à Liège dans l’église Saint-Pierre. Mais un siècle plus tard, les reliques du saint furent emportées au cœur de l’Ardenne, au monastère d’Andage, qui prit le nom de Saint-Hubert et devint le lieu d’un pèlerinage très fréquenté.
(Propre des diocèses francophones de Belgique, p. 86)

Homélie

« Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. »

N’est-ce pas ce regard miséricordieux que le Seigneur adresse, aujourd’hui encore, à chacun d’entre nous en ces temps bien moroses ? De fait, désemparés, abattus, ne sachant plus bien à quels saints se vouer, nos vies semblent quelque peu éteintes. Malmenées par des protocoles sans cesse en mouvement, privées des gestes basiques de l’expression de la fraternité, de l’amitié, nos vies peinent à garder vigilante la petite flamme ‘espérance’.

Mais voilà que le Christ, bon Pasteur, nous adresse un regard dont Lui seul a le secret ; regard adressé à Zachée qui va le transfigurer totalement ; regard envers la Samaritaine avec qui il va vivre un merveilleux chemin d’éveil à la foi ; regard d’amour et de pardon qui relève le pauvre Pierre emprisonné dans son reniement ; regard de compassion envers le jeune homme riche, si pauvre ; regard qui rend sa dignité à la femme adultère en lui ouvrant un avenir de nouveau possible…

Ne soyons pas jaloux de tous ces bénéficiaires car aujourd’hui encore, en ce moment même, le Christ nous adresse un regard personnalisé, un regard qui englobe les difficultés, les peines et les souffrances présentes en nos cœurs. Il ne nous abandonne pas ! Il ne nous laisse pas couler dans la désespérance ambiante mais nous redit sa présence avec un Amour dont nous ne pourrons comprendre la hauteur, la largeur et la profondeur que dans le face-à-face éternel. « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11,28) Oh oui, allons vers Lui ! Recevons cette invitation comme une lettre d’amour ! Prenons davantage de temps pour la prière, la contemplation, l’adoration.

Il a tellement à nous donner ! « Une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans votre tablier » (Lc 6,38).

Pour nous aider à répondre à cette invitation du Christ, la liturgie nous offre en ce 3 novembre un merveilleux compagnon de route : saint Hubert ! Englué dans une vie mondaine très éloignée de Dieu, ayant misé pas mal de choses sur son propre ego, il va rencontrer le Christ en gloire sous l’image d’un cerf crucifère comme le raconte si bien la légende de sa conversion. « Hubert ! Hubert ! Jusqu’à quand poursuivras-tu les bêtes dans les forêts ? Jusqu’à quand cette vaine passion te fera-t-elle oublier le salut de ton Âme ? ». Face à cet appel pressant, tel un nouveau saint Paul, Hubert va changer totalement de vie. Évêque au cœur ardent, il parcourra les vastes forêts ardennaises invitant tantôt à la conversion, prônant un mode de vie évangélique, tantôt guérissant de nombreux malades atteints de maladies nerveuses. Mais où donc puisait-il cette énergie débordante ? Où trouvait-il la force d’être témoin du Christ et d’affronter les forces du Mal ? Tout simplement, si je peux dire, dans la prière, dans ce colloque singulier avec le seul et unique bon Pasteur mais aussi dans la liturgie célébrée avec foi et amour.

Saint Hubert est un saint de chez nous ! Aujourd’hui encore il accomplit son ministère d’apôtre et de thaumaturge. Aujourd’hui encore, en son sanctuaire, il accueille, écoute, réconforte et guérit. Ensemble, implorons-le face à cette rage moderne qu’est la covid-19 ! Laissons-le nous guider dans nos choix de vie, dans notre priorisation des valeurs essentielles à acquérir. Demandons-lui son audace face à toutes peurs de se déclarer chrétiens dans un monde hyper sécularisé, face à la timidité ambiante d’oser annoncer le Christ, Chemin, Vérité et Vie pour tout homme.

Nous n’avons pas à rougir du Christ et de l’Évangile mais à en être de fidèles serviteurs comme nous le rappelle si bien saint Paul aujourd’hui : « Frères, annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi » (1 Co 9,16). Oui, le Christ compte sur nous ! Il n’est plus suffisant le temps de vivre comme le levain dans la pâte. Non ! Voici venu le temps d’être aussi la lampe qui brûle et qui éclaire. Nos contemporains ont besoin de croiser des chrétiens bien dans leurs baskets, heureux de suivre le Christ et ce sans aucune crainte de rappeler à temps et à contretemps les merveilles et exigences du message évangélique. À la suite de saint Hubert, grand évangélisateur et à la suite de saint Jean-Paul II invitant au seuil du troisième millénaire, tel un prophète, à entrer dans un mouvement de nouvelle évangélisation, accueillons ces paroles de l’apôtre Paul : « Tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi… Prenez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu » (Ep 6,14-15).

Doyen Philippe Goosse,
recteur du sanctuaire de saint Hubert

Prière à saint Hubert

Grand saint Hubert,
Toi qui as répondu à l’appel de Dieu, te demandant de quitter une vie de plaisirs,
apprends-nous à être, comme tu l’as été, à l’écoute du projet que Dieu a pour nous ;
donne-nous le courage de renoncer à tout ce qui nous détourne de Lui.

Toi qui, te retirant du monde dans la forêt ardennaise,
as fait pénitence durant de nombreuses années,
apprends-nous à persévérer et à être fidèles à nos promesses.

Toi, l’Apôtre de l’Ardenne, jette un regard de bonté sur tes enfants,
éloigne de notre vie, de notre cœur, toutes formes de rage.
Garde-nous un esprit sain dans un corps sain
afin que nous puissions devenir, à ton exemple et par ton soutien,
des semeurs d’Évangile et des témoins infatigables de l’Espérance
révélée en Jésus, le Christ. Amen.

Imprimatur : Mgr Léonard (2008)

Pour télécharger la version imprimable des textes complets, cliquez ici.